
Les lectures d’enfance forgent-elles notre identité ?
Le soleil naissant, un ciel azuréen, une température clémente, une atmosphère apaisante, le silence de la campagne. Toutes situations propres à engendrer la mélancolie. Mes souvenirs d’enfance resurgissent. Les lectures qui ont enchanté ma jeunesse, étaient pour la plupart des récits qui magnifiaient des sentiments empreints de noblesse. Les vertus ancestrales qui ont contribué à bâtir notre pays étaient mises à l’honneur. Elles exaltaient le courage, l’abnégation, l’amour de la patrie, la probité et la bonté. Toutes valeurs mises à mal aujourd’hui.
Mon univers mental s’est forgé au fil du temps par la lecture d’ouvrages aussi divers que les trois mousquetaires, vingt mille lieux sous les mers, ou Ivanhoé de Walter Scott, ainsi que Rob Roy luttant contre les anglais. Le Far West eut une place importante dans mon imaginaire à plus d’un titre. Winnetou l’homme de la prairie de Fenimore Cooper et Kit Carson sans oublier Davy Crocket, tous ces personnages personnifiaient les coureurs de prairies, des défricheurs de terres vierges. A l’opposé, des livres délivrant un message d’amour et de paix avaient également ma faveur. Les clés du royaume de Cronin ou la tunique de Douglas furent essentiels pour entretenir ma période mystique.
Mais je garderai en bonne place les livres d’aventures qui promeuvent, l’audace, la virilité, l’amitié et le courage. Me reviennent en mémoire les ouvrages de Jack London, ceux de Joseph Peyré avec l’escadron blanc ou le chef à l’étoile d’argent qui mettent à l’honneur des méharistes portant haut les couleurs de la France aux confins du Sahara. Enfin l’univers scout se révèlera par la trilogie du prince Eric, de Serge Dalens. André Dhôtel dans son livre le pays où l’on n’arrive jamais décrit avec bonheur les juvéniles et prudes émois amoureux d’un jeune garçon. Mais comment ne pas citer les trois lanciers du Bengale. Cette histoire met en valeur l’héroïsme face à la souffrance, et le rachat de la faiblesse.
On ne peut laisser dans l’ombre les récits purement guerriers. Jean Lartéguy tient une part non négligeable. J’ai souvenir que jeune recrue arrivant à la citadelle de Bayonne, fief du 1er Rpima, nous étions accueillis par le quolibet suivant : voilà encore des victimes des centurions. Mais des auteurs tels que Maria Remarque, Dorgelès, Henri Barbusse, Sven Hassel, Saint Loup, voir Malraux ont chacun à leur manière laissé une trace indélébile dans mon esprit. Ces lectures ont-elles joué un rôle dans ma construction d’être humain ? Probablement, sinon pourquoi les évoquer. Une conclusion s’impose : on ne surveille jamais assez les lectures de ses enfants.
PS. Les parents d’aujourd’hui sont exonérés de cette tâche, car les enfant ne lisent plus. Enfermés dans leur prison virtuelle, ils n’ont que faire de ce monde obsolète de la lecture. Au diable les valeurs ancestrales. C’est internet qui forme leur caractère. Nous aurons demain la société décadente que nous méritons.