
Mercenaire ou volontaire
L’un a mauvaise réputation, l’autre évoque le romantisme. L’image que donne le mercenaire est négative, ce ne peut-être qu’un individu louche qui a pour conviction le seul attrait de l’argent. Lui prêter un idéal est une aimable plaisanterie. L’imaginer en sauveur d’un quelconque état en butte à des périls augurant les souffrances d’une population innocente est impossible.
Le volontaire quant à lui est un altruiste qui s’ignore. L’aura qui l’accompagne est incomparable. S’engageant pour une cause où il devra se servir d’une arme, ce ne peut-être que pour défendre la veuve et l’orphelin. La seule évocation d’un profit dont il pourrait bénéficier est absolument inenvisageable. Citer les brigades internationales oeuvrant durant la guerre d’Espagne fait se pâmer les jeunes révolutionnaires , l’orgasme n’est pas loin. Inévitablement accoler mercenaire à extrême droite coule de source, alors que volontaire s’associe plus facilement à une idéologie progressiste.
Pourtant les admirateurs des brigades qu’elles soient rouges ou internationales oublient ou méconnaissent leurs méfaits. Est-il utile de rappeler la brigade Marty ? Oui Marty le boucher d’Albacete, on mémorise plus facilement la photo de Capa ou le poing levé en déclamant “no passaran”, c’est plus romantique.
Pour le mercenaire le qualificatif d’affreux fut maintes fois employé par les médias avec une délectation malsaine alors que volontaire suscite de l’admiration. Force est de constater que si les états assumaient leurs visées géopolitiques, il ne serait pas nécessaire de faire appel à des privés.
Le clivage mercenaire volontaire, droite et gauche est parfois malmené par des cas que nous avons en mémoire. Comment ne pas reconnaître comme volontaires les jeunes gens épris de morale chrétienne combattant dans les rangs phalangistes au Liban. Le terme de volontaire sied également aux français rejoignant les forces croates. Comment désigner un Jean-Michel Nicollier assassiné par les serbes à Vukovar sinon par le terme de volontaire. Comment désigner les hommes qui sous la bannière karen combattirent l’armée birmane au nom de l’idéologie chrétienne autrement que volontaires.
Quelques dérapages accréditent l’idée que rien n’est tout blanc ou tout noir, il arriva par le passé que d’anciens soldats de Tsahal offrirent leurs services aux cartels colombiens, nul n’est parfait.…
Les français officiant parmi les contractors en Irak ou en Syrie pour des sommes rondelettes sont-ils des mercenaires, des volontaires ou des contractuels à la solde de sociétés ayant pignon sur rue ? La différenciation n’est pas des plus évidente.
Sans vouloir jouer à l’oiseau de mauvaise augure, il est probable que des guerres futures offriront à des jeunes idéalistes des terrains favorables à l’emploi de ces samouraïs modernes.