Souvenir de la piste, dernier épisode.

Souvenir de la piste, dernier épisode.

Souvenir de la piste, dernier épisode.

L’ écueil gen­darmerie sur­mon­té, nous pou­vions entamer la dernière démarche avant d’at­tein­dre la terre promise à savoir Nouad­hi­bou.  Mais sub­sis­tait le bou­chon, c’est ain­si que nous nom­mions un lieu situé à une faible dis­tance du but ultime. Choisie en plein désert cette halte oblig­a­toire était des­tinée sans doute à tester notre sens de l’hu­mour et notre capac­ité à encaiss­er les coups du sort. Dont la douane qui assumait son rôle de pro­tec­trice de ces lieux sans aucune com­plai­sance. Elle appli­quait la loi dans toute sa rigueur, nos véhicules étaient fouil­lés et nous étions ques­tion­nés sur nos ressources finan­cières. Nous avions l’oblig­a­tion de fournir une déc­la­ra­tion de devis­es qui pré­ci­sait l’in­ter­dic­tion d’ex­porter la moin­dre piécette.

Gar­dons à l’e­sprit que ces facéties étaient mis en bran­le à la con­di­tion express que le con­voi soit com­plet, car de con­trôler les arrivants un par un dès leur arrivée afin de flu­id­i­fi­er le pas­sage aurait sans doute gom­mer le sel de la sit­u­a­tion comique.

Lorsque nous tou­ch­ions enfin au but a Nouad­hi­bou, la farce per­du­rait, le gymkhana admin­is­tratif débu­tait, les con­trôles rebu­tants que nous avions subi dans le désert nous étaient servis en deux­ième ser­vice. Douane, police, gen­darmerie plus l’as­sur­ance auto oblig­a­toire.   Je crois inutile de remet­tre en mémoire que tout ceci se déroulait dans une anar­chie qui sem­blait être la norme. en vérité c’é­tait un bor­del total.   Un jour ou deux de repos s’im­po­saient pour digér­er ces menus tra­cas que nous pen­sions der­rière nous.

Or pour quit­ter ce havre de paix situé sur une langue de terre sans issue, nous devions rebrouss­er chemin pour emprunter la piste menant à Nouak­chott et cela va de soi pass­er à nou­veau par toutes les embuch­es décrites précédem­ment.  Sans doute adepte du masochisme j’ai réitéré à plusieurs repris­es ce voy­age pour­tant inconfortable.

Le désert s’of­frait à nous, à  con­di­tion de vers­er son obole à l’or­gan­isme qui con­trôlait le banc d’Ar­guin qui se trou­ve être une réserve naturelle placée sur notre route. Sans oubli­er le guide chargé de trac­er notre par­cours de 550 km. Les impédi­men­tas chargés nous démar­rions au pas de charge pour ne pas aller très loin, car arrêt pour la nuit au bivouac au pk 25 au bord de la voie ferré.

Le lever du soleil en ce lieu offrait un spec­ta­cle somptueux, les pier­res jon­chant le sol bril­laient de mille feux, c’est l’ expres­sion con­sacré, c’est pra­tique ces for­mules qui évi­tent de longues recherch­es séman­tiques pour expli­quer somme toute une banal­ité. Les pier­res bril­laient au soleil, c’est lap­idaire mais moins démon­stratif. mais foin de digres­sion nous devions affron­ter une piste parsemé de chausse trappes où le sable omniprésent était le garant d’une mon­tée d’adré­naline, d’une immense las­si­tude, puis sem­blable aux mon­tagnes russ­es d’une ire farouche pour arriv­er au but.  Harassé, four­bu, mais tri­om­phant le front ceint de laurier.

Il est vrai que le désert offre à celui qui l’af­fronte de rudes moments, car ens­able­ments à répéti­tion est un passe temps qui comblent d’aise les sportifs. Pour autant ils adoptent par­fois un avis mit­igé lorsque la dix­ième fois de la journée ils dégainent les pelles et four­nissent un effort qui brise les corps, alors suants, pan­te­lants ils jurent sur leurs grands dieux, que jamais ô grand jamais on ne les repren­dra à pra­ti­quer ce jeu de con.

Mal­gré la las­si­tude point de retour en arrière n’est pos­si­ble, cette chevauchée entamée doit se pour­suiv­re afin d’ar­rivée à son terme.   Si  deux ou trois jours sont néces­saires pour rejoin­dre notre but, avec son lot de fatigue de décourage­ment et de sueur, il arrive de ressen­tir de l’e­uphorie quand nous abor­dons une por­tion roulante sur un sol ferme qui per­met de rouler de front a cinq voitures à une vitesse frôlant les 80 ou 90 km a l’heure.  c’est grisant car impos­si­ble dans nos contrées.

Pour clore cet itinéraire ini­ti­a­tique nous roulons sur la plage à marée basse qui nous déposera 160 km plus loin.  De folâtr­er avec les vagues venant léch­er nos roues avait le pou­voir de nous apais­er gom­mant ain­si les déboires subis lors de cette tra­ver­sée.  Nous arriv­ions enfin à Nouak­chott, usés mais victorieux.

 

Prochain sujet.   Coup d’é­tat à Moroni…

 

 

Category : Récit

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