
Demain l’apocalypse? Demain la décroissance?
Fixer mon attention sur un danger en particulier alors qu’ils sont multiples n’est pas simple. Bien que d’importances inégales, ils sont tous mortifères. L’histoire du monde est un récit dantesque ponctué d’évènements d’une violence considérable. Tous les peuples ont connu au cours de leur histoire des périodes de prospérité et de stabilité, entrecoupées d’épisodes tragiques. Certaines civilisations ne surent résister et disparurent pour toujours. D’autres se fortifièrent dans le désespoir et retrouvèrent des forces nouvelles pour se propulser au firmament des nations. Mais toujours une lueur d’espoir permettait d’entrevoir une issue heureuse.
La situation actuelle apparaît plus désespérée, des hypothèses pessimistes peuvent s’envisager. Une guerre opposant des grandes nations industrielles pour garder le leadership économique n’est pas à écarter. Une défaite face à un islam conquérant qui tente depuis 1300 ans d’imposer la charia, ou des accidents nucléaires en chaine causés par des centrales vieillissantes, tout est envisageable. Celle qui retient mon attention est plus sournoise. Si elle n’est pas d’une certitude totale, elle est, d’après des avis éclairés, une éventualité non dénuée de fondement. L’évocation de la disparition de l’humanité n’est pas le fait d’illuminés millénaristes annonçant la fin du monde pour le mois prochain. Non, ce sont des scientifiques qui nous font part de leurs travaux. Le changement climatique est semble t‑il irréversible, or rien n’est entrepris pour contrecarrer ses effets. La hausse des températures pourrait s’avérer d’une telle intensité que le sort de milliards d’individus s’en trouverait bouleversé. Une hausse de trois à quatre degrés d’ici la fin du siècle n’est plus considérée comme une option délirante émise par des schizophrènes en mal de publicité. Le risque de disparition de nos sociétés devient réalité.
Or quelles actions efficaces avons nous misent en œuvre? Aucune, ou si peu que cela apparait comme négligeable. La prescience que la technique peut tout résoudre est tellement ancrée dans les esprits qu’il est impossible d’ admettre la décroissance comme facteur susceptible de ralentir l’inéluctable. Chaque consommateur est persuadé que sa consommation est modeste, même quand tout semble indiquer le contraire. De fait personne ne songe à apporter le moindre changement à son consumérisme. Ce comportement est fortement encouragé par des politiques qui ne jurent que par la croissance qui seule amènera une productivité raisonnée, un développement durable, une économie circulaire, capables de résoudre la quadrature du cercle.
Accepter de décroitre, de consommer moins, de s’abstenir d’acquérir sans discernement des produits totalement inutiles n’est pas de nature à emporter l’adhésion de grand monde. Peu de personnes seraient enclines à adopter un mode de vie moins dispendieux, qui veut revenir au moyen-âge? L’exemple de paysans adeptes de monoculture qui possèdent 100- 200 ou 500 hectares s’épanchant sur les médias en déplorant que vivre avec 350 euros mensuel est difficile, est parlant. Alors qu’un paysan qui travaillerait à l’ancienne, pratiquant une polyculture sans intrants chimiques, associant les animaux de la ferme pourrait en autarcie presque totale subvenir aux besoins de sa famille en exploitant 2 à 3 hectares. Bien sûr, cela implique une vie de travail sans support mécanique, peu de loisirs et peu de repos. Rien de très excitant pour notre jeunesse avide de smartphones. Cette solution est jugée inadaptée pour une grande majorité qui préfère laisser aux technocrates le soin de trouver le graal.