
le pont de la rivière Kibali. Suite et fin.
Par petits groupes nous quittons nos positions afin de nous regrouper dans un chemin creux à l’abri des vues de l’ennemi. Là nous retrouvons le gros de la troupe qui était stationné à la mission catholique. La colonne qui s’est formée quitte peu à peu le chemin confiant l’arrière garde au petit groupe constitué de quelques paras zaïrois encadrés par Milan, Fabien et moi-même. A l’instant où nous allons nous élancer afin de rejoindre la colonne, des tirs retentissent. Ces rafales proviennent d’éléments avancés situés à très courte distance. Si je manque de précision c’est que le moment n’est guère propice pour effectuer des mesures, de plus, je ne possède pas de chaine d’arpenteur.
Notre réaction est immédiate. Fabien fourbit son mortier, tenant le tube en position verticale à la main il envoie une volée d’obus. Ne voulant pas être en reste, Milan et moi-même l’arme à la hanche tirons des rafales en direction d’un ennemi invisible car caché par la végétation. Un para zaïrois se trouve à nos côtés, mais l’aide que nous serions en droit d’attendre de la part de ce soldat d’élite ne vient pas. Il est vrai que cet homme est statufié par la peur et qu’il n’est d’aucun secours. Ayant constaté l’absence de médias relayant nos actes de bravoure nous prenons la poudre d’escampette et filons dare-dare rejoindre nos camarades déjà relativement éloignés.
Sans vouloir imiter l’Anabase de Xénophon la relation de notre retraite aurait méritée une narration fouillée, mais ce parcours est raconté dans mon livre et de fait perd de l’intérêt. Je clos donc ce chapitre et reprendrai dans mon prochain article mes éternelles récriminations à l’encontre de ce monde qui m’indispose.
Et depuis fin 2020, vous pouvez lire un extrait de mon dernier roman qui parle de ce pont, ainsi que la présentation du roman en vidéo.