Heureux qui comme Ulysse.
Voila une formule qui fît florès en son temps, pourtant bien oublié aujourd’hui. Pour autant l’attrait du voyage tourmente toujours plus de candidats. De découvrir ce qui se cache derrière la crête est toujours motivant. La curiosité du lointain a accouché de grands découvreurs, des navigateurs hardis transcendés par la recherche de terres lointaines ont franchi des océans pour ouvrir au monde des continents insoupçonnés. L’eldorado fantasmé a aiguillonné les conquistadores avides de richesses et de gloire. Les coureurs de prairie ont franchi des distances considérables, traversant des fleuves, arpentant des montagnes, souffrant mille morts dans des terres inhospitalières, pour le seul plaisir de la découverte. Tous ces avaleurs de distance ont cartographié le monde ne laissant aucune tache blanche sur le globe terrestre. Certains agents de voyages ont laissé une trace indélébile. Alexandre le Grand fût un ardent propagandiste du voyage organisé. Il précéda d’autres touristes venus d’Asie. Attila et Kubilaï firent paître leurs chevaux dans l’herbage de l’Europe médiévale. Mais celui qui fît parcourir l’Europe de long en large à ses porteurs de godillots fut sans conteste possible Bonaparte. D’autres plus modestes vinrent mourir en des lieux inconnus du grand public. Ainsi Duguesclin cessa de vivre en un lieu improbable. Château Neuf du Randon. Puis vint l’heure du tourisme organisé, d’abord réservé à une élite. Seuls les aristocrates et les grands bourgeois possédaient une bourse assez garnie pour entreprendre des voyages lointains. Des destinations devenaient à la mode. Ainsi l’Egypte fut une terre propice à l’accueil des égyptologues distingués. Mais aucune terre ne resta en friche. De grands noms marquèrent l’histoire de l’Amérique et de l’Afrique mais cette époque bénie des dieux fut définitivement remplacée par un tourisme de masse rendu possible par la multiplication des moyens techniques. Du cheval au cheval vapeur, à l’automobile, au trainau, auau bateau
bateau, à l’avion, ces moyens ont rendu possible à tout un chacun de chausser les bottes de sept lieux et de se rendre aux antipodes en un temps record. Tout vacancier peut ainsi gloser sur Titicaca, sur Machu Pichu, sur le Corcovado, sur la baie d’Along, sur les temples d’Angkor Vat, sur les pyramides d’Egypte, sur les gorges du Colorado, et les chutes Victoria. La liste est longue et offre un choix infini aux nouveaux voyageurs qui reviennent de ces périples aussi dénués de bon sens qu’au moment de leur départ. Car en fait l’utilité de ces déplacements planétaires n’apparait pas clairement, car l’être humain ne gagne pas en sagesse par l’apprentissage de la vie d’autrui. Il revient de ses pérégrinations aussi con qu’auparavant.
Toujours aussi poète le père Rochard.
Meilleurs voeux.
Patrick Blond