Retour vers le passé. radio Comores.
Il est des coïncidences improbables, des événements imprévisibles qui affectent notre vie. Des rencontres que l’on pensait impossibles deviennent réalités. Je vous le donne en mille. L’hypothèse de revoir une personne que l’on a entrevu fugacement au cours d’événements passés est infime. Pourtant voici quelques semaines j’assistais à une réunion de l’union nationale des parachutistes. Section Landes. Mon président Hervé Piris m’avait invité à me munir d’exemplaires de mon livre. Cela me gênait quelque peu car ma venue était motivée par le simple plaisir de partager un repas avec des amis. A l’issue de la réunion quelques camarades eurent la gentillesse de se procurer ma littérature. Lors des dédicaces Hervé me présenta Eric Iung. Fort bien mais ce patronyme ne m’évoquait rien. L’explication que me fit mon interlocuteur me ramena vingt quatre ans en arrière. Il s’avéra que Iung était le lieutenant qui commandait la défense de la radio à Moroni lors du coup d’état aux Comores. C’était en 1995.
Désireux de confronter nos souvenirs, nous nous miment côte à côte lors du repas. A l’écoute de notre récit nous avons unanimement admis avoir échangé des coups de feu. Eric m’informait des péripéties qui avaient jalonné la défense de ce haut lieu de la parole gouvernementale. Pour ma part j’évoquai ma présence dans une villa qui jouxtait la radio, position favorable pour ouvrir le feu sur le bâtiment que nous voulions investir. Je relatais la reddition du lieutenant qui sans doute estimait avoir largement assumer voir outrepasser son rôle d’instructeur de l’armée comorienne. Sa défense héroïque lui valu à sa sortie de la radio d’obtenir notre respect. Après l’avoir désarmé Denard lui rendit son arme, il va de soi soulagée de ses munitions. Sa résistance à la radio fut primordiale, car elle permit au colonel Azaly de prendre la fuite et rejoindre l’ambassade de France. Il se positionna en digne représentant du président déchu.
De nos échanges verbaux, aucune acrimonie mais plutôt la franche camaraderie que peuvent éprouver des adversaires valeureux. Nous avons pris acte de la joie procurée par cette rencontre inattendue et espérons nous revoir dans un délai décent.