Les vieux de la vieille.
Il semble d’après les statistiques que années après années, notre espérance de vie s’accroit. C’est une excellente nouvelle pour les couches de population aisées situées essentiellement dans les pays occidentaux. Je n’ai pas connaissance de l’espérance de vie des miséreux de Bombay, des habitants des favellas de Rio ou des sans emplois des townschips de Soweto. Mais là n’est pas mon propos. Ce que je désire mettre en évidence, c’est la théorie des vases communicants appliquée au travail et à l’oisiveté au cours d’une vie.
En effet, la majorité des individus aimerait raccourcir le temps dédié au labeur et augmenter le nombre d’années où l’on prend du bon temps.
De fait, on constate fréquemment des situations de parité entre la durée du travail et le temps de retraite. Indéniablement le financement devient problématique. De surcroit les citoyens pourvus d’un emploi soumis à cotisation se raréfient comme peau de chagrin. Par ailleurs si le pessimisme nous gagne, on peut craindre que la robotique n’accélère la déstabilisation du monde du travail. Nous avançons à pas de géant vers le salaire universel.
En attendant ce monde sans effort, il est nécessaire de rassurer le petit peuple. Nos élus veillent. Maniant une rhétorique sans faille, ils jurent sur leurs grands dieux avec des trémolos dans la voix que jamais au grand jamais ils ne transigeront sur l’âge du départ à la retraite. Cela restera à 62 ans, qu’on se le dise. Mais forcement il y a anguille sous roche comme disent les subversifs qui voient le mal partout. Le gouvernement emploie un stratagème pour se parjurer. Nous aurons l’opportunité de travailler jusqu’à 64 ans pour bénéficier d’un bonus alors que les fainéants qui cesseront leur activité à 62 ans subiront un malus. Tout cela est bien joli mais parvenir à 62 ans pourvu d’un emploi est digne de figurer dans un roman d’anticipation. Donc les retraites seront amputées de trimestres non cotisés. Ce tour de passe-passe démontre une fois encore le mépris que nos gouvernants entretiennent envers le petit peuple.
Je ne voudrais pas dénoncer cette supercherie et omettre une réalité. Nous vivons plus vieux mais hélas pas en meilleur santé.