
Retour vers le passé. Oasis de Bardaï.
Ce retour vers un passé révolu est destiné à une femme qui sur facebook cherchait des personnes ayant connu son père. Elle a frappé à la bonne porte. J’ai connu son père à Carcassonne, certes nous n’étions pas intime mais nous avons partagé une aventure commune. Nous avons crapahuté dans les mêmes talwegs et foulé le même sable du désert saharien. Le sergent Nouveau, le père de Chantal, était un vieux sous-officier, (enfin pour moi de dix son cadet) que nous estimions car riche d’expériences et d’un naturel avenant. L’anecdote que je relate date de septembre 1968 au Tchad, exactement à Bardaï dans le Tibesti proche de la frontière lybienne. Notre présence dans cette contrée inhospitalière était due à la mansuétude du Général De Gaulle, en réponse à la demande pressante du président Tombalbaye. Celui-ci constatant une pression lybienne sur ses frontières du nord fit appel à la France. Le Général connaissant sans doute la haute valeur du régiment et la compétence indiscutable de la troisième compagnie, d’un geste magnanime nous désignât pour épauler les forces tchadiennes. En réalité nous étions d’alerte guépard. Installés dans la palmeraie de Bardaï en relève de la CPima, nous effectuions les tâches classiques pour lesquelles nous étions entraînés : patrouilles dès l’aurore et gardes statiques de la piste d’aviation, ainsi que les pitons dominants la piste reliant l’oasis au terrain d’aviation. Par un après-midi ensoleillé j’accompagnais un transport de matériel sur la piste. J’étais juché sur une grosse caisse posée sur un power-wagon, ce véhicule adapté au désert avait pour conducteur le chauffeur du capitaine. Ce pilote qui se voulait d’élite roulait à un train d’enfer sur une piste défoncée. Stoïquement je m’agrippais avec l’énergie du désespoir pour éviter de quitter prématurément cet équipage. Le chef de bord était le sergent Nouveau, constatant ma position précaire il conseille au fou du volant d’adopter une vitesse plus raisonnable. Voyant l’inanité de son ordre il intime à nouveau de ralentir. Le second avertissement n’eut pas plus d’effet que le premier. Ce chauffeur impudent devait se sentir au-dessus du commun, protégé sans doute par sa fonction de chauffeur du capitaine. Un miracle advint, le véhicule s’immobilisa au milieu de la piste m’évitant ainsi un sort funeste. Le sergent Nouveau avait adopté une pédagogie qui maintenant serait source de polémique. Il avait envoyé un crochet du droit fulgurant dans la mâchoire du récalcitrant, oubliant que nous roulions pleins pots. Méthode certes hardie mais diablement efficace. Le sergent Nouveau avait démontré avec brio que l’obéissance restait une vertu essentielle au bon fonctionnement des armées.
Tu as une bonne mémoire, Gilles. Continue à nous faire part de tes souvenirs.
Amities.
Merciii infiniment pour ce souvenir que vous partagez avec nous
Cher Gilles,
Je découvre ton blog grâce à la dernière circulaire de la section. J’ai beaucoup de plaisir à lire tes récits, car je reconnais à l’écrit ta verve et ton humour, tels que j’ai en mémoire tes récits oraux. Cela me change des DLP, dont les narrations sont d’une platitude affligeante, depuis que JC n’est plus rédac chef. En te lisant j’ai l’impression de faire un retour en arrière, en me remémorant nos discussions à Mégevette, quand je montais te rendre visite avec mon vieux camarade de chambrée Michel. Je l’avais retrouvé en 1992, et depuis nous ne nous étions plus perdu de vue. Tu ne sais sans doute pas qu’il s’est tiré une balle dans le coeur en 2017, et pour cela est retourné mourir à Bayonne. J’ai été très affecté par sa mort, car quand j’ai été blessé, c’est lui et un camarade qui a fait le signal de détresse.En sus nous avons cohabité un certain temps ponctuellement, quand il est venu travaillé à Genève, après avoir été le gérant du restaurant de l’hôpital de Sallanches. Il avait table ouverte et canapé à disposition. J’ai promis à sa famille, d’aller déposer une petite couronne près de son urne, à Alberville au nom des anciens de la cie, mais pour cela je dois attendre d’arriver au bout de mes soucis de santé. Par ailleurs la comédie du covid est venue contrarier le projet. Mais je ferai tout pour que cela soit fait. Il est probable que pour septembre je sois suffisamment avancer dans ma récupération pour me rendre au méchoui, surtout pour revoir les anciens qu’il reste, et les copains. Sauf à ce que le dingue de l’Elysée, ai reçu l’ordre de nous remettre la pression par de nouvelles turpitudes. Mes amitiés à Madame, et bien entendu à l’ami Gilles auquel je pense souvent.
JC.