
Une belle-mère peut en cacher une autre.
Une fois n’est pas coutume, je déroge à un principe que j’ai jusqu’à lors essayé de protéger. Encore que. Dans mes petits billets je me suis efforcé d’être discret sur ma vie privée actuelle. En effet les réseaux sociaux ne sont sans doute pas le meilleur support pour parler de soi à des personnes pour qui notre vie est le cadet de leurs soucis.
L’entorse faite à cette habitude concerne ma belle-mère. Que l’on ne se méprenne pas sur mes intentions et que les choses soient clairs. Je ne suis pas là pour en dire du mal. Ce serait malhonnête de ma part car elle n’est plus là pour se défendre. En effet au cours de ce mois de Janvier elle a rendu les armes et quitté ce monde cruel et sans pitié pour les vieux. De plus j’avais de l’amitié et de l’estime pour Solange. Oui c’est ainsi qu’elle se nommait. Veuve depuis deux ans elle se morfondait dans un Ehpad. Cet acronyme se veut neutre et rassurant mais cache une réalité très déplaisante.
Certes, certains asiles de vieux sont plus riants, mais demande de posséder une bourse bien garnie. Donc réservé à des nantis. Ma belle-mère résidait dans un Ehpad vieillot et triste, exemple même de la résidence pour personnes âgées aux revenus modestes. La tristesse que l’on ressent en ces lieux vient de la certitude que les résidents savent qu’ils vivent leurs derniers instants et que la mort va mettre un terme à leurs existences.
Solange stoïque comme à son habitude fit face à son destin et endura sa fin de vie avec bonhommie. Mais le covid fit irruption dans sa vie et précipita sa fin. Il est indéniable que les confinements successifs auxquels elle fut soumise hâtèrent sans aucun doute son trépas.
Avec sa disparition je pris conscience que toutes les belles-mères ne sont pas à jeter aux orties. La mienne restera dans ma mémoire mais son départ fit apparaître une réalité fort déplaisante. Les vieux disparus il devient évident que la prochaine fournée va concerner les individus de ma génération.
Souhaitons ne jamais connaître les mouroirs qui abritent nos anciens.